Gabi Fechtner, juin 2020

Gabi Fechtner, juin 2020

Discours à l’occasion du dévoilement de la statue de Lénine

Cher.e.s habitant.e.s de Gelsenkirchen, chers gens de Horst, chers voyageurs venus ici du monde entier, cher.e.s représentant.e.s de la presse, cher.e.s ami.e.s et camarades !

Chaque époque a ses statues. Le temps des monuments pour les racistes, antisémites, fascistes, anticommunistes et d‘autres éternellement arriérés est clairement révolu et, à juste titre, ces statues sont actuellement renversées partout dans le monde.

Mais qu'est-ce qui vient ensuite ?

Toute rébellion a besoin d'un objectif positif si elle ne doit pas se solder par la frustration, de vieilles habitudes ou des défaites. C’est pourquoi – après des tentatives d'interdiction, des décisions de justice, des discussions animées, beaucoup d'agitations dans la presse internationale :

Je vous souhaite, aujourd'hui, la bienvenue à la cérémonie de dévoilement de la première statue de Vladimir Ilyich Oulianov Lénine en Allemagne de l'Ouest !

Ces dernières semaines, on m'a souvent demandé si l'installation de la statue était une provocation. Non, ce n’est pas une provocation, mais c'est peut-être une certaine violation de tabous. Une violation du tabou parce que, dans cette société capitaliste où l’anticommunisme est la religion d’État, il n’est pas prévu de discuter en masse du socialisme.

Il n’est pas prévu d’apprécier positivement les représentants du socialisme. Pour cette raison, nous disons dans une situation où la critique du capitalisme est omniprésente : Il faut que cesse le fait que l'anticommunisme crée une atmosphère dans laquelle il valait mieux ne pas penser au socialisme.

Peut-être que certains d’entre vous le savent : Si vous prenez fait et cause pour le socialisme, vous serez rapidement injurié comme « extrémiste » voire même « staliniste » et « maoïste ». Aussi, pour faire tomber du piédestal les réserves et les interdictions de penser de l'anticommunisme, cette journée est partie composante et le point culminant, jusqu’à présent, du mouvement « Aucune chance à l'anticommunisme ! » Nous demandons une discussion démocratique ouverte sur la perspective du socialisme et sur l’idéologie de la liberté du communisme !

Nous sommes déjà parvenus à un large débat : cela vaut pour les médias. La ville de Gelsenkirchen est également devenue très réactive. Elle a mis en place une grande exposition anticommuniste au château de Horst spécialement pour Lénine. Elle veut maintenant mettre en place son propre panneau d'information ici, directement sur le trottoir. Nous nous félicitons des vastes discussions, mais nous demandons également qu'elles soient menées de manière démocratique et à hauteur de vue. Nous revendiquons que les positions du marxisme-léninisme, du communisme, doivent avoir voix au chapitre sur un pied d'égalité. Nous menons cette discussion de manière démocratique ! Soit dit en passant, nous avons également invité des orateurs critiques pour l'événement d'aujourd'hui, tant qu'ils ne sont pas fascistes.

Là-bas, par exemple, se trouve le FDP. Si vous avez quelque chose de concret à apporter, vous pouvez le faire de manière critique ! Mais le FDP a rejeté cette discussion démocratique à notre demande. Faites-vous une idée de qui agit démocratiquement dans ce débat. Avec ce mouvement, nous posons de jalons pour dire que la suppression de la discussion démocratique sur le socialisme doit prendre fin.

Nous vivons aujourd'hui la tendance accélérée à une crise, touchant toute la société, du système impérialiste mondial. Ce ne sont pas seulement quelques lois ou domaines politiques qui font l'objet de critiques. Tout le fondement de la société est remis en question – notamment dans le prétendu modèle de démocratie, les États-Unis. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à la plus grande crise économique et financière mondiale que le capitalisme ait jamais produite. Cette crise capitaliste a déjà envoyé des centaines de millions de personnes au chômage, rien qu’aux États-Unis il y en a déjà plus de 40 millions de chômeurs. Ceci est souvent combiné avec la pauvreté et des crises de la famine menacent dans le monde entier comme nous n’en avons jamais vues. Pourtant, la richesse générée par la société a augmenté de façon incommensurable.

Depuis 2014, les fonds propres des 500 plus grandes sociétés sont passés de 11 à près de 18 billions de dollars US. 18 billions de dollars US donc pour les 500 plus grands groupes et la moitié la plus pauvre de la population mondiale en possède tout juste 2 billions.

Nous vivons une crise sanitaire mondiale qui, officiellement – le nombre de cas non signalés est bien plus élevé – a causé la mort de près d'un demi-million de personnes. Les avertissements de l'OMS concernant une telle pandémie ont été ignoré par presque tous les gouvernements du monde. À cet égard, ils partagent également la responsabilité pour ce qui se passe ici.

La crise des réfugiés s’aggrave avec plus de 20 000 morts en Méditerranée depuis 20141 !

La crise environnementale globale menace de mettre en question toutes les bases d’existence naturelles. De même, les crises de l’État et de l'ordre familial bourgeois s’aggravent. Tout cela est le résultat du capitalisme, qui n'existe que sous forme de crises.

La contradiction fondamentale du capitalisme est de plus en plus poussée à l'extrême, à savoir que la production se déroule socialement, mais l'appropriation se fait de manière privée, Cette contradiction culmine dans une chasse dangereusement intensifiée aux profits maximums, aux zones de pouvoir et d'influence pour la minuscule couche du capital financier international dominant sans partage.

Cette crise va de pair avec le plus grand danger de guerre depuis la Deuxième guerre mondiale et une mise en question des toutes les bases d’existence jusqu’à maintenant. Cette crise de la société dans son ensemble appelle un changement de la société dans son ensemble !

La réponse à cette question est le véritable socialisme ! Si nous le disons, alors nous devons examiner les expériences que l’humanité a eues jusqu’à présent dans la construction du socialisme.

Pour cela, les mérites de Lénine sont impérissables ! Au milieu de la Première Guerre mondiale, il a analysé et qualifié le capitalisme moribond et parasitaire comme la veille de la révolution socialiste. Il a été un génial dirigeant et organisateur de la révolution d'Octobre en Russie et de la construction du premier pays socialiste du monde. Il a prouvé qu’il est possible de renverser le capitalisme.

Aujourd’hui, on le pressente comme si cela dépassait toute imagination – mais Lénine a montré : c’est possible. On peut gagner le socialisme de haute lutte et le construire et le capitalisme n’est pas la fin de l’histoire.

Dans une situation compliquée, Lénine a osé appeler au renversement du gouvernement afin d’édifier le socialisme – et d'assurer les succès de la révolution démocratique contre la brutalité du régime tsariste et la contre-révolution.

Les analyses précises de Lénine, ses pronostics clairvoyants et la précision dont il a fait preuve dans les questions tactiques découlent de son travail théorique et de sa capacité d’appliquer la méthode dialectique au plus haut niveau.

Je voudrais dire quelques mots sur la vie de Lénine :

Lénine était très instruit, il était juriste et entretenait un échange vif et critique avec les artistes et les écrivains de son temps, ainsi qu'avec des journalistes bourgeois et des scientifiques du monde entier. En même temps, il était particulièrement important pour lui de se fondre dans la vie et la lutte des ouvriers et des petits paysans, dont les intérêts ont toujours guidé ses actions. Après la révolution d'Octobre, il a vécu dans un appartement de deux pièces. Je voudrais citer Clara Zetkin, une célèbre militante des droits des femmes et communiste allemande qui, après une visite chez Lénine, a dit : «Son logement privé était d'une extrême simplicité et modestie. …

On sait que les paysans faisaient à leur " Ilitch "de nombreux cadeaux de farine, de lard, d'œufs, de fruits, etc., mais on sait aussi que rien de tout cela ne restait dans la maison de Lénine. Tout allait dans les hôpitaux et les maisons d'enfants, car la famille de Lénine appliquait strictement le principe de ne pas mieux vivre que tous les autres... »

Lénine était donc – et on le constate souvent, surtout par sa manière de vivre – révolutionnaire dans sa pensée, sa sensibilité et son action. Il n'était pas du genre à prendre des décisions solitaires.

On nous a demandé si l’érection de cette statue n’était pas un culte de la personnalité. Non, car nous rendons hommage à une personne qui a été un véritable travailleur d’équipe, qui a toujours accordé une grande importance à consulter d’autres personnes. Tous ceux qui ont travaillé avec lui ont déclaré que Lénine faisait toujours appel à des personnes qui connaissaient bien le domaine concerné, qu’il s’agisse de scientifiques, de soldats, de paysans ou d’ouvriers. Toute personne qui avait quelque chose de compétant à dire sur le sujet en question était incluse par Lénine dans le travail commun.

Lénine était un homme d'État d'un type nouveau, aussi brillant que modeste. Lénine était catégoriquement opposé aux bureaucrates avec le livre du parti dans leurs poches qui ne se souciaient que de leurs propres intérêts. À la fin de sa vie, il soupçonnait que le changement du mode de pensée des principaux cadres au sein du parti, des entreprises et de l'administration pourrait évoquer une restauration du capitalisme, donc une trahison du socialisme. Pour cette raison il a créé un organe de contrôle indépendant. Il disait que le Comité central devait également être contrôlé indépendamment d’en haut. C’est pourquoi, entre autres choses, sous la direction de Lénine la trahison du socialisme a été empêchée. Mais plus tard, elle est devenue une triste réalité.

Lénine a consacré toute sa vie à la lutte des opprimés pour la liberté. Lénine représente également les conquêtes qui ont été mises en œuvre immédiatement après la révolution d'octobre 1917 : L'un des premiers décrets a ordonné et mis en œuvre l'expropriation des propriétaires terriens sans compensation et la distribution des terres aux paysans pauvres. Les rangs féodaux et la noblesse furent supprimés, leurs biens confisqués. Dans l’Allemagne capitaliste on discute beaucoup aujourd’hui d’introduire un impôt sur la fortune. Même si cela ne ferait pas particulièrement de mal aux classes dirigeantes, c’est déjà trop pour elles !

Les droits des minorités nationales, y compris le droit de faire sécession de leur propre État, ont été proclamés. Le système des soviets, c'est-à-dire le système des conseils, et les organes de contrôle ouvrier ont été organisés – en partant des usines et en s'étendant à tous les niveaux et organes de l'État.

La journée de 8 heures a été introduite légalement dans les usines. Rendez-vous compte : Aujourd’hui, les ouvriers doivent à nouveau travailler par équipes de 12 heures. Dans certains hôpitaux, les équipes, il y a un service de garde 24 heures sur 24.

Cela montre les régressions que le capitalisme a apportées par rapport à cette situation d’il y a plus de 100 ans dans l’Union soviétique socialiste. Les hommes et les femmes, les enfants légitimes et naturels sont légalement égalisés. L'usure est interdite, les banques et les usines sont socialisées. Une assurance maladie a été introduite pour tous les salariés etc. Dans une époque où la peine de mort était répandue partout, Lénine l’a abolie pour la Russie comme l’un des premiers pays du monde. Ce qui avait été considéré comme impossible pendant des siècles est soudain devenu possible ! Pourquoi ?

Parce que les paradigmes de la société avaient changé. S’il y a d’autres paradigmes dans la société et que le profit maximum n’est pas au centre, alors il est possible de changer les choses et de faire passer les intérêts de la classe ouvrière et des larges masses en premier.

C’est pourquoi nous sommes en faveur d’une société socialiste et pour surmonter de façon révolutionnaire ce système social capitaliste.

L'un des décrets les plus importants manque encore à cette liste. Et c’était même le premier décret après la révolution d’Octobre : Le décret sur les négociations de paix, sur la fin immédiate de la Première Guerre mondiale. visant à mettre fin à la première guerre mondiale impérialiste ont été entamées immédiatement. Le décret sur un cessez-le-feu immédiat offrait une paix immédiate aux principales puissances impérialistes. En mars 1918, la paix est conclue malgré d'importantes pertes de territoire. Lénine a dit : Le plus important est d’avoir la paix, même si nous perdons quelques territoires pour cela.

Aujourd’hui, ils n’arrivent pas non plus à faire cela, si l’on regarde la Syrie, où chaque impérialiste se bat pour chaque mètre. La politique de paix est également représentée de manière unique par le socialisme.

Les acquis sont nombreux, mais peut-être que certains d’entre vous pensent maintenant : « Eh bien, vous ne pouvez pas présenter tout cela de manière aussi positive, n’est-ce pas un peu simplifié ? » Ou encore : « Il y a aussi une autre façon de voir les choses. » Voyons donc comment on a pu le voir autrement et quels accusations ont été portées contre Lénine :

Déjà peu après la révolution d'Octobre, à partir de mars 1918, 14 pays capitalistes et impérialistes ont lancé une attaque militaire contre le pays libéré sous des slogans anti-léninistes agressifs. Jusqu’alors, ils avaient fait la guerre les uns contre les autres, mais contre le socialisme ils étaient soudainement unanimes. En Allemagne on a également mobilisé à cette fin. La future brigade fasciste Erhard était impliquée dans l’attaque contre la Russie socialiste. Mais lorsque les ouvriers et les paysans russes ont suivi l'appel de Lénine qui a dit : « Nous devons défendre notre pays et nous n’abandonnerons pas nos acquis » qu’est-ce que précisément les réactionnaires qui avaient envahi le pays ont alors hurlé : « Lénine, un meurtrier de masse ! »

Certains pensent que le slogan « Lénine, un meurtrier de masse » vient de la CDU ou du SPD. Ce sont eux qui viennent de le répandre massivement ici à Gelsenkirchen. Mais connaissent-ils la véritable source ? C’était Adolf Hitler lui-même ! Il a déjà débité ce mensonge dans ces discours en 19202.

Avec ce cri de guerre, les victimes de la guerre de l'époque, d’une invasion impérialiste, ont été tout simplement attribuées à Lénine et aux révolutionnaires. Pourtant, ils s’étaient défendus à juste titre. N’est-il pas honteux que le SPD et la CDU aient repris le même cri de guerre aujourd’hui ?

Nous condamnons avec la plus grande fermeté cette historiographie réactionnaire !

Il est intéressant de voir quelles sont les coalitions qui se forment aujourd'hui en matière d'anticommunisme. Dans une déclaration commune du SPD, de la CDU, de l'AfD, du FDP et des Verts dans le conseil de district de Gelsenkirchen-Ouest, tous les journaux citent actuellement : « Le leader communiste Lénine représente la violence, l'oppression, la terreur et la terrible souffrance humaine ». Donc une coalition bourgeoise, incluant l'AfD. Peu avant, il y a eu un énorme scandale lorsque Kemmerich avait été élu chef du gouvernement de Thuringe, alors qu'il avait été élu avec les voix de l'AfD. Mais dans le cas de l'anticommunisme on est en parfait accord avec l'AfD. Nous critiquons cette grande coalition anticommuniste !

Mais le public bourgeois s'y est déjà habitué quand des récits d'atrocités sont diffusés sur le socialisme. L'effet de l'anticommunisme en Allemagne est principalement dû au fait qu'il est capable de s’adapter et que toute discussion démocratique de ses affirmations et de sa méthode est rendue impossible à grande échelle. Avez-vous déjà vu quelqu'un du MLPD dans les talk-shows ? Quant à notre ministre de l'Économie, Altmaier, je me demande parfois : cet homme peut-il se diviser en trois ? On a l'impression qu'il passe dans trois talk-shows chaque soir. Ce sont toujours les mêmes personnes, mais le MLPD n’a même pas la possibilité de s'y exprimer. Ce n'est pas une controverse démocratique ‒ et c'est pourquoi l'anticommunisme peut se répandre.

L'anticommunisme moderne semble embrasser les valeurs démocratiques. Pour ensuite prétendre qu'elles ont le plus de chances de se réaliser sous le capitalisme, alors que le socialisme ne signifie que crimes et absence d'égalité. L'anticommunisme moderne conteste même être anticommuniste. Non, chacun peut bien dire ce qu'il veut, seulement on ne veut pas avoir affaire au MLPD, qu'on qualifie de « stalinien » et de « maoïste ». Quiconque se prend pour un bon bourgeois devrait sursauter en entendant ces mots de combat. Cela devrait clore le sujet. C'est la logique.

Pour que les choses soient claires : je ne suis ni stalinienne ni maoïste ‒ il en va de même pour l'ensemble du MLPD. Mais nous défendons les acquis du socialisme – et aussi les représentants du socialisme Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao. Comme il est facile aujourd'hui de pointer du doigt ceux qui ont fait les plus grands sacrifices pour cela – et n'ont certainement pas pu éviter des erreurs ! Où en serait le monde aujourd'hui, si les tsars et autres oppresseurs féodaux n'avaient pas été renversés dans de durs combats, les guerres terminées, le fascisme hitlérien vaincu sous la direction de ces personnes ? Nous ne pourrions certainement pas tous exprimer nos opinions aujourd'hui, si ces batailles n'avaient pas été menées.

Il ne fait aucun doute ‒ et cette position critique et autocritique fait également partie du MLPD ‒ que ces dirigeants n'étaient pas non plus exempts d'erreurs ou de fautes. Il serait absurde de dire cela. Il ne fait aucun doute qu'à l'époque de Staline et de Mao Zedong, des crimes ont été commis contre leur volonté au nom du socialisme. Pour reconquérir le socialisme, c’est nous qui avons le plus grand intérêt à éclaircir ça ! Nous avons même mis en place une commission historique pour enquêter en détail sur tout cela. Mais précisément dans le but de reconquérir le socialisme et non de maintenir le capitalisme en vie plus longtemps et de dénigrer toutes les alternatives.

Cependant, nos politiciens gouvernementaux et les monopoles qui répandent les calomnies anticommunistes sur leurs chaînes, ne se heurtent pas, en réalité, aux erreurs commises à l'époque de Lénine, de Staline ou de Mao. Si notre gouvernement et les grandes entreprises allemandes devaient se heurter à des erreurs et des crimes, leur coopération étroite avec les régimes d'Iran, d'Arabie Saoudite, de Turquie, de Libye ou avec monsieur Trump aux États-Unis serait difficilement concevable.

Comment peuvent-ils soutenir une politique européenne qui coûte la vie à des dizaines de milliers de personnes en Méditerranée ? Ne s'agit-il pas de crimes ? Ils ne s'opposent pas à ces crimes. Mais les communistes, on leur attribue toutes les victimes de l'histoire contemporaine. Nous ne soutenons pas ce genre d'historiographie. Cette diffamation doit être clairement contrée.

Avec la vérité sur le socialisme et le capitalisme apparemment gravée dans la pierre comme étant la « fin de l'histoire », on peut bien sûr se simplifier les choses. Mais est-ce que cela répond vraiment aux questions de l'époque, comme par exemple pourquoi les promesses de résoudre les problèmes de l'humanité sous le capitalisme ne sont pas tenues ? Pourquoi le capitalisme continue-t-il de donner naissance à de nouvelles crises, qui ne sont que des symboles de son incapacité ? On ne peut pas répondre à ces questions avec des modèles anticommunistes tout faits ! À juste titre, pour le prix Nobel de littérature Thomas Mann, l'anticommunisme était la « folie fondamentale de notre époque ». L'anticommunisme obscurcit la vue à une époque où la clarté est si urgente !

Tout comme il n'y a pas de socialisme sans le dépassement révolutionnaire du capitalisme, il n'y a pas de conscience socialiste sans le dépassement de l'idéologie anticommuniste. Et c'est précisément pour cette raison que le mouvement « Ne donnez aucune chance à l'anticommunisme » est à l'ordre du jour.

Plus que jamais le temps est venu de gagner les travailleurs et les masses du monde entier à un nouvel élan dans la lutte pour le socialisme.



Cher.e.s invité.e.s,

Peut-être on pense maintenant que tout cela devrait être considéré d'une manière plus neutre, pas si « idéologique » ? C'est la raison pour laquelle aussi l'autorité chargée des bâtiments de Gelsenkirchen a interdit la statue devant la façade classée du Horster Mitte en février de cette année : Ils ont sérieusement dit que ce monument que vous voyez ici (encore voilé) couvrirait la façade de toute la maison.

Je voudrais citer l'autorité chargée des bâtiments elle-même : « La valeur du monument ‒ donc du Horster Mitte ‒ en tant que bâtiment administratif (est) massivement compromise par la statue, car la déclaration politique ostensible qui lui est associée contredit la neutralité politique d'un bâtiment de l'administration publique ».

Tout d'abord, le Horster Mitte n'est plus un bâtiment administratif depuis des décennies, même s'il s'agit d'un centre de services d'un genre nouveau, qui est là pour répondre aux besoins de la population de Gelsenkirchen. Elle n'a certainement jamais été politiquement neutre non plus ! Le Horster Mitte est le centre de nombreuses luttes des mineurs, de l'internationalisme, de l'aide aux réfugiés, de la jeunesse rebelle ou encore de la lutte contre la fermeture de l'hôpital Saint-Joseph au coin de la rue. Tous ces combats ont été planifiés et menés ici, et nous sommes fiers de ce Horster Mitte politiquement peu neutre, devant lequel le monument de Lénine est maintenant dévoilé. Le Horster Mitte est également un centre d'événements culturels progressistes. L'appel à la « neutralité » et à la « l'absence d'idéologie » ne signifie que de s'agenouiller sous l'idéologie bourgeoise et donc la reconnaissance des conditions sociales existantes. Les SPD et CDU ont donné l'impression que tout Horst était contre Lénine. Cependant ‒ contrairement à ces partis bourgeois ‒ c'est notre travail quotidien de mener des centaines de conversations de porte à porte, au marché hebdomadaire, dans les entreprises, les syndicats et dans les rues commerçantes, de discuter avec les gens, de connaître leurs positions. Nous avons ainsi pu nous faire notre propre opinion.

Dès le début, il y a eu des sympathies claires ! Comme d'habitude, les gens de Horst sont toujours bien sûr aussi querelleurs et il y a eu des discussions polarisées. Mais ‒ chers SPD et CDU ‒ nous pouvons aussi constater : plus ces partis se préoccupaient de Lénine, plus il devenait sympathique pour les gens de Horst, parce qu'ils ont dit que si ces partis attaquent Lénine, il doit y avoir quelque chose de bon chez cet homme.

Beaucoup ont saisi cette occasion pour s'informer. L'anticommunisme a perdu de plus en plus de son impact dans cette discussion ! Beaucoup de choses ont changé dans l'esprit des gens. C'est exactement ce que nous voulons, que Lénine devienne un véritable « monument qui fait réfléchir » !

Mais le nouveau venu de la CDU, Sascha Kurth, ne s'est pas laissé décourager et a lancé une pétition en ligne contre la statue de Lénine. Après plusieurs semaines, il n'a atteint que 8 % de son objectif. Dans tout le pays, seules 204 personnes ont signé la pétition, dont 165 de Gelsenkirchen y inclus seulement 69 de Horst, au lieu des 2 200 espérés. Apparemment, M. Kurth n'a pas réussi à rallier les masses ou même son propre parti à la cause. Il a dit comme justification : C'est parce qu'il y avait Corona. Tout le monde sait que pendant la période du Coronavirus, Internet est utilisé plus que jamais. Mais il n'a pas été utilisé pour une pétition contre Lénine ‒ c'est ça le problème de M. Kurth.

Seuls les fascistes ont pris au sérieux les appels du porte-parole de la municipalité, Schulmann, à empêcher la statue par des actions créatives. Ils ont essayé de souiller les panneaux d'affichage avec des autocollants. Nous avons empêché cette action avec l'aide des passants. Nous vous appelons à protéger le monument de Lénine, à être vigilant, à nous informer si quelqu'un tente d'endommager cette statue et donc aussi à faire en sorte qu'elle puisse continuer à se tenir ici.

Nous protestons vivement contre l'approbation scandaleuse de deux manifestations fascistes par la police de Gelsenkirchen, qui permet aux nazis de jouer ici leur rôle de troupe de choc contre le communisme. Pendant les marches fascistes, les contre-manifestations des antifascistes sont régulièrement déplacées vers la périphérie. Les fascistes, par contre, peuvent être juste à côté de nos actions ici. Mais ils n'ont pas pu mobiliser beaucoup de gens pour leur action. La municipalité leur a même donné le décor avec sa campagne « Pas de place pour Lénine ».

Là-bas, l'unité réactionnaire dans l'anticommunisme ‒ ici le côté progressiste ‒ les fronts sont aujourd'hui très clairs. Mais nous ne laisserons pas provoqués et nous réaliserons notre célébration correctement.



Cher.e.s invité.e.s,

le report de cet événement à cause de Corona nous permet de fixer le dévoilement à l'anniversaire du MLPD, qui a été fondé le 20 juin 1982. Jusqu’à ce jour, il incarne les enseignements de Marx et de Lénine pour le temps actuel. Il est un parti ouvrier révolutionnaire. Les travailleurs y donnent vraiment le rythme. Cela vaut également pour les dirigeants. Moi-même, je suis outilleur de formation. Nous sommes financièrement indépendants et nous finançons par les cotisations et des dons de la population et nous ne dépendons ni du financement des partis par l'État ni des dons des grandes entreprises. Cela nous donne la liberté de faire et de dire ce que nous pensons être juste et de ne pas suivre une « opinion publique » prescrite par la dictature des monopoles. Au lieu d'une querelle de factions, de favoritisme et de carriérisme, on discute de façon critique et animée, élit et décide démocratiquement au sein du MLPD selon le centralisme démocratique, pour ensuite travailler et agir de manière concertée et efficace.

Le MLPD joue un rôle formateur dans de nombreuses grèves et luttes ouvrières ; il soutient les luttes des mouvements ouvrier, des femmes et de l'environnement, de l'antifascisme et de l'antimilitarisme et il s’emploie à faire du travail dans les entreprises qu’aucun autre parti ne fait plus aujourd’hui. Je voudrais profiter de cette occasion pour annoncer que ce matin les travailleurs de Thyssen/Krupp à Duisburg se sont mis en grève contre les licenciements qui y ont lieu. Un salut chaleureux à ces travailleurs !

Aujourd’hui, des licenciements de masse sont en cours partout et ces travailleurs envoient un signal avec une grève indépendante. Nous saluons également notre cellule d’entreprise qui s'y trouve toujours au premier rang. Bonne chance dans votre lutte !

Notre leitmotiv est l'internationalisme prolétarien et la solidarité internationale. En Allemagne, nous sommes devenus un pionnier dans la lutte pour les droits et libertés démocratiques contre le développement vers la droite du gouvernement Merkel-Seehofer.

Notre association de jeunesse Rebell organise la rébellion des jeunes, comme récemment contre la politique raciste et anticommuniste de Trump aux États-Unis.

Dans le MLPD, les mots et les actes coïncident – un travail fondamental théorique solide et un travail pratique avec fermeté. Ce n'est pas pour rien que nous sommes devenus le parti qu’on combat le plus en Allemagne.

Célèbre est la phrase de Lénine : « Seuls, les travailleurs ne sont rien, unis, ils sont tout » ! Cela est encore tout à fait valable aujourd'hui. C'est pourquoi, à cette occasion, nous invitons cordialement à renforcer ce parti et son association de jeunes.



Cher.e.s invité.e.s,

vous allez voir que nous n’avons pas choisi un piédestal très haut pour Lénine. Nous ne voulons pas qu’il soit égal à la statue d’Hercule, qui domine Gelsenkirchen à une hauteur de plusieurs dizaines de mètres. Nous avons dit que nous prenons un piédestal bas.

Il convient à Lénine de rencontrer d'égal à égal les gens de Horst qui passent ici tous les jours pour le travail, l'école ou les achats. Avec Lénine, nous rendons hommage à l'un des éponymes de notre parti ‒ mais certaines personnes l'ont vite remarqué : Karl Marx est absent ! Et comme nous avons toujours une oreille ouverte à la critique, je peux vous annoncer que nous avons décidé : Lénine sera suivi par une statue de Karl Marx !

Merci beaucoup !

1 Statistiques, état mais 2020

2www.ifz-münchen.de/heftearchiv/1963_3.pdf Institut für Zeitgeschichte [Institut d’histoire contemporaine]